Après le Kung-fu, le karaté ou le muay thai, c'est au tour du silat (ou plutôt une version extrêmement simplifiée) en provenance d'Indonésie de tenter sa chance au cinéma. La compétition est difficile. Le petit challenger peut-il se tailler la part du dragon ?
Après la Thaïlande et l'explosif Ong Bak, c'est au tour de l'Indonésie de vouloir s'imposer sur les nouvelles terres du cinéma d'arts martiaux. Pour cela, la méthode est éprouvée : faire sortir de l'anonymat un jeune combattant plein d'avenir, exposer un art martial local méconnu, éprouver les techniques et opposer au héros dans les dernières minutes un de ces étrangers blancs sadiques (ici proxénètes) pratiquant le kick-boxing. En gros sur le papier, aucune surprise, Merantau reprend à son compte et sans honte la forme du récit initiatique dans lequel un jeune homme quitte son village natal pour découvrir la cruauté de la « grande ville ». Caricatural forcément, le passage du paradis perdu à la grande Babylone déchu est plus que surligné tandis que le héros ira jusqu'à se sacrifier pour que la belle prostituée retrouve le chemin de sa terre. Le cinéma d'arts martiaux n'est pas forcément connu pour ses subtilités, surtout lorsque c'est un occidental (en l'occurence Gareth Evans, auteur d'un Footsteps de mauvaise réputation) qui mène la barque. Ceci explique sans doute qu'à l'image du classique Opération Dragon (Bruce Lee filmé par Robert Clouse), les cadrages ratent régulièrement les mouvements de jambes, ou laissent se succéder inlassablement les mêmes changements d'axes.
Pas franchement dynamique, cette mise en scène presque télévisuelle appesantit clairement les prouesses physiques des différents cascadeurs, ne soutenant pas assez visuellement certaines cascades particulièrement dangereuses. Voulant ancrer le long-métrage dans un décorum assez réaliste (voir l'utilisation de l'éclairage, l'illustration des bas quartiers), Merantau oublie malheureusement que la beauté des arts martiaux asiatiques repose sur l'ampleur des mouvements et leurs valeurs chorégraphiques davantage que sur la violence des coups portés. Loin de la révolution annoncée et souffrant en sus d'un manque de charisme évident de la part d'Iko Uwais, en dehors de ses capacités physiques, l'essai n'est tout de même pas désagréable en soi. La noirceur imposée aux évènements et aux personnages, quelques passages plus musclés et surtout une course poursuite finale enchaînant les bastons dans les couloirs d'un hôtel, une cabine d'ascenseur et un port de marchandises font preuve d'une efficacité imparable.



